Nicolas de Condorcet, Tableau général de la science qui a pour objet l’application du calcul aux sciences politiques et morales
, سبتمبر 26 2024
« Comme toutes ces applications sont immédiatement relatives aux intérêts sociaux, ou à l’analyse des opérations de l’esprit humain, et que, dans ce dernier cas, elles n’ont encore pour objet que l’homme perfectionné par la société, j’ai cru que le nom de mathématique sociale était celui qui convenait le mieux à cette science. Je préfère le mot mathématique, quoiqu’actuellement hors d’usage au singulier, à ceux d’arithmétique, de géométrie, d’analyse, parce que ceux-ci indiquent une partie des mathématiques, ou une des méthodes qu’elles emploient, et qu’il s’agit ici de l’application de l’algèbre, ou de la géométrie, comme de celle de l’arithmétique ; qu’il s’agit d’applications dans lesquelles toutes les méthodes peuvent être employées. D’ailleurs la dernière expression est équivoque, puisque le mot analyse signifie tantôt l’algèbre, tantôt la méthode analytique, et nous serons même obligés d’employer quelquefois ce même mot dans le sens qu’on lui donne dans d’autres sciences. Je préfère le mot sociale à ceux de morale ou politique, parce que le sens de ces derniers mots est moins étendu et moins précis. »
« La mathématique sociale peut avoir pour objet les hommes, les choses, ou à la fois les choses et les hommes. Elle a les hommes pour objet lorsqu’elle enseigne à déterminer, à connaître l’ordre de la mortalité dans telle ou telle contrée, lorsqu’elle calcule les avantages ou les inconvénients d’un mode d’élection. Elle a les choses pour objet lorsqu’elle évalue les avantages d’une loterie, et qu’elle cherche d’après quels principes doit être déterminé le taux des assurances maritimes. Enfin, elle a en même temps l’homme et les choses pour objet, quand elle traite des rentes viagères, des assurances sur la vie. [...] Quel que soit l’objet que cette science considère, elle renferme trois parties principales : la détermination des faits, leur évaluation, qui comprend la théorie des valeurs moyennes, et les résultats des faits. Mais, dans chacune de ces parties, après avoir considéré les faits, les valeurs moyennes ou les résultats, il reste à en déterminer la probabilité. Ainsi la théorie générale de la probabilité est à la fois une portion de la science dont nous parlons, et une des bases de toutes les autres. »
Nicolas de Condorcet, Tableau général de la science qui a pour objet l’application du calcul aux sciences politiques et morales, 1793.
« La mathématique sociale peut avoir pour objet les hommes, les choses, ou à la fois les choses et les hommes. Elle a les hommes pour objet lorsqu’elle enseigne à déterminer, à connaître l’ordre de la mortalité dans telle ou telle contrée, lorsqu’elle calcule les avantages ou les inconvénients d’un mode d’élection. Elle a les choses pour objet lorsqu’elle évalue les avantages d’une loterie, et qu’elle cherche d’après quels principes doit être déterminé le taux des assurances maritimes. Enfin, elle a en même temps l’homme et les choses pour objet, quand elle traite des rentes viagères, des assurances sur la vie. [...] Quel que soit l’objet que cette science considère, elle renferme trois parties principales : la détermination des faits, leur évaluation, qui comprend la théorie des valeurs moyennes, et les résultats des faits. Mais, dans chacune de ces parties, après avoir considéré les faits, les valeurs moyennes ou les résultats, il reste à en déterminer la probabilité. Ainsi la théorie générale de la probabilité est à la fois une portion de la science dont nous parlons, et une des bases de toutes les autres. »
Nicolas de Condorcet, Tableau général de la science qui a pour objet l’application du calcul aux sciences politiques et morales, 1793.