L’équivalent anglais overseas, apparu semble-t-il à la fin du XVI e siècle, au moment de l’exploration européenne du monde, a aussi été une forme atténuée de « colonial » pour les Britanniques, tout en étant aujourd’hui dans le monde anglophone aussi utilisé pour évoquer l’étranger. Il faut dire qu’en français, « outre-mer » s’est maintenue par le truchement des DOM-TOM, les départements et territoires d’outre-mer, créés en 1946, et qui après la décolonisation de l’Afrique en 1958 se sont retrouvés être les seuls à porter officiellement ce nom, comme dernières possessions françaises hors d’Europe. Et quand bien même, depuis la révision constitutionnelle de 2003, les DOM-TOM n’existent plus, puisqu’il faut parler de DOM/DROM-COM (département et/ou région d’outre-mer-collectivité d’outre-mer) et de la Nouvelle-Calédonie, force est de constater qu’on continue d’utiliser le terme « domtom », dont le succès, la pérennité et la substantivation sont probablement dus à sa sonorité, rappelant les tam-tams africains et les ambiances tropicales. « Outre-mer » est donc intimement perçu à travers le filtre de l’exotisme dans l’imaginaire des Métropolitains, c’est-à-dire ceux qui habitent la mère-patrie, qu’on oppose à ses « territoires extérieurs ». Si certains peuvent être choqués par l’usage toujours courant du terme « Métropole », qui exprime l’idée de domination, celle d’un État sur ses colonies, à la suite de Montesquieu dans L’Esprit des lois (1748, livre XXI, chapitre xxi), il ne fait que souligner le vieux fonds colonial qu’il est difficile de faire disparaître compte tenu d’une subordination qui se prolonge, même si l’emploi d’« Hexagone » à sa place cherche à dissimuler cette réalité. Dans cet ouvrage nous écrirons « Métropole » avec une capitale parce qu’il s’agit d’un toponyme ainsi que « Métropolitain », considéré comme un gentilé, au même titre qu’« Ultramarin ».
Jean-Christophe Gay, La France d'outre-mer, terres éparses, sociétés vivantes, 2021.
La France d'outre-mer, terres éparses,
, سبتمبر 26 2024